Photo E.S.
Un rai de lumière fascine car il s'entoure de tant de nuit qu'il paraît refléter le distillat du jour éteint. Pourtant, croire que ce tissage de fils brillants qu'on croise le long des crêtes eût pu être un éclat diurne, c'est céder à la crainte de l'obscurité. Car la nuit est une attente qu'on inspire à son coeur ralenti. Le regard tendu vers l'éclat falot de l'Empyrée, il s'agit de se recueillir en espérant. En espérant que la nuit fût une ombre plutôt qu'une couleur, qu'elle aura demain été vaincue par l'habitude majestueuse du soleil - qui n'oublie pas - de brûler ces doutes millénaires en colorant le ciel.
Serait-elle dépassée par le savoir, cette foi est néanmoins nécessaire car elle suppose sa non-réalisation. Croire que demain peut être autant qu'il peut n'être pas imprime à l'homme l'audace irrationnelle d'exister indépendamment de tout.
Car rien n'est vraiment
Que ce qu'on en fait
Et ce qui naît sans être
Est à construire demain.
Exister ici ou ailleurs suppose de croire en ces universaux.
Alors que cette foi-là bascule - rien ne la rendant nécessaire, utile ou même valable aux yeux de ce à quoi nous aspirons - c'est cela qu'il faut poursuivre en voyageant.