Universaux

divers-16.jpgPhoto E.S.

Un rai de lumière fascine car il s'entoure de tant de nuit qu'il paraît refléter le distillat du jour éteint. Pourtant, croire que ce tissage de fils brillants qu'on croise le long des crêtes eût pu être un éclat diurne, c'est céder à la crainte de l'obscurité. Car la nuit est une attente qu'on inspire à son coeur ralenti. Le regard tendu vers l'éclat falot de l'Empyrée, il s'agit de se recueillir en espérant. En espérant que la nuit fût une ombre plutôt qu'une couleur, qu'elle aura demain été vaincue par l'habitude majestueuse du soleil - qui n'oublie pas - de brûler ces doutes millénaires en colorant le ciel.

Serait-elle dépassée par le savoir, cette foi est néanmoins nécessaire car elle suppose sa non-réalisation. Croire que demain peut être autant qu'il peut n'être pas imprime à l'homme l'audace irrationnelle d'exister indépendamment de tout.

Car rien n'est vraiment
Que ce qu'on en fait
Et ce qui naît sans être
Est à construire demain.

Exister ici ou ailleurs suppose de croire en ces universaux.

Alors que cette foi-là bascule - rien ne la rendant nécessaire, utile ou même valable aux yeux de ce à quoi nous aspirons - c'est cela qu'il faut poursuivre en voyageant.

De l'inutilité de l'écriture

Venise-17.jpg Photo E.S.

Ecrire semble profondément inutile. Projeter sur un monde chaotique une parole qui ne l'est pas moins suffit juste à épancher la nécessité d'exprimer ce chaos, à soulager l'idéal de conscience critique qui habite l'homme fatigué d'être citoyen. Moins rationnelle encore est la pulsion qui façonne l'écriture pour la rendre difforme, inapte à décrire l'architecture de l'existence dans sa pureté glaciale.

Pureté et chaos, voici les pôles rageurs entre lesquels tout être se balance, pendu à une corde raide et invisible. Lorsqu'il s'y attache, inutile et irrationnel devient le fait d'écrire. Ce n'est que dans le mouvement tiède, dans la subtile tension des fadeurs moites, dans la profondeur de la vase flottant dans l'indécis que l'écriture résonne, brûlante, de ces entre-deux, où l'idéalisation collective du réel s'effrite sous le pouls de l'existence.

Autant qu'inutile, écrire semble profondément nécessaire. Sans décrire, il s'agit de dire ce qu'on voit les yeux fermés, ce qu'on entend dans le bruit du ciel blanc de nuit, ce qui tient debout quand tout palpite en suffoquant. Les verres grisés par lesquels on aperçoit la pureté du chaos protègent de tout voyeurisme car l'oeil s'y reflète, mi-clos. En écrivant, c'est le soi que l'on construit, comme une humble participation à la multiplicité de l'être. C'est là aussi l'unique réponse possible à cet homme qui, d'une nonchalance élégante lança, le regard droit et la main franche :

"Sois !"


Postlude à un échange spontané de considérations quotidiennes, son injonction, ordre ou conseil, vibre comme une lame plantée dans le terreau de l'existence et sur laquelle on trébuche, distrait des beautés froides du monde.

Qui est-il ?

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Photo E.S.

Edmond Schield est un homme, à ses heures perdues.

Artisan effronté plutôt qu'imprudent, il erre en courant sur les chemins du savoir-vivre.

Considérant l'existence comme un liquide aérien, il cherche, dipsomane de ces eaux-là, les bords du bassin où dansent les vérités.

Revendiquant l'inutilité de la poésie, il plaque ses mots sur le réel pour le lire plus lentement, plus sûrement.

Vous pouvez le contacter ICI,

ou juste le lire, comme on existe : simplement.

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