Photo E.S.
La notion de paysage semble trop faible pour recouvrir la dentelle infinie que découpe le fil du lointain sur le bleu du ciel. L'usage de ce terme ayant trop servi ne peut correspondre à la mobilité que l'ouverture totale de l'horizon impose au regard écarquillé. C'est que ce bleu vibrant, envahissant l'exacte moitié de l'espace, affirme le sentiment d'être inclus dans un tableau au titre rêveur plutôt que de contempler les perspectives qu'il décrit.
Ainsi, l'horizon dilué dans la plaine se déroule sous les pas mécaniques, soulevant un nuage de poussière fine qui danse entre le bleu et le brun.
Un paysage, un horizon sont comme un rêve : ils perdent leur immatérialité essentielle lorsqu'on les habite. Ils ne deviennent tels que lorsqu'on les quitte. De fait, y séjourner implique un ancrage puissant, une implication lente dans le présent et dans le lieu. Exister à la lisière de l'immensité du ciel donne alors à chaque geste une signification forte. Le temps étant la seule matière première présente en abondance, tout le reste est précieux.
Offrir c'est donner de soi, c'est sacrifier pour honorer. Reçevoir, c'est reconnaître ce sacrifice et s'en montrer digne. Dans cette intensité du geste, le sourire vaut enfin pour ce qu'il est.
Et lorsque l'hémicycle repeint en noir se crible de braises blanches attisées par le vent, c'est l'inconscient qui achève de déchiffrer les signes vrais que la conscience ne sait plus lire. Les gestes alors ne comptent plus ; seul compte ce qui se dit là-haut, dont le murmure couvre le réel d'une chape de silence assourdissant et généreux.
Paysage
Par Schield Edmond le vendredi 14 octobre 2011, 13:18